Voici donc l'intervention que j'ai prononcée vendredi à la tribune du congrès du Parti de Gauche, au Mans.
"Ces deux premières années ont été pour notre parti un moment fort d'élaboration et d'échanges d'expériences dans le secteur de l'économie sociale et solidaire et des alternatives concrètes.
Les alternatives concrètes dont on parle, ce sont ces pratiques de socialisation des rapports de production et de consommation, qui placent les femmes et les hommes, et non le Capital, au cœur de l'activité sociale et économique, qui placent le collectif au-dessus des ambitions individuelles, bref qui amorcent, ici et maintenant, le renversement du rapport de forces.
Nous pensons à ces dizaines de milliers d'associations (AMAP, régies de quartier, centres sociaux, foyers ruraux, associations d'éducation citoyenne...), nous pensons aussi à ces milliers de coopératives qui œuvrent pour l'intérêt général...
Nous pensons également à toutes celles et ceux qui luttent sur tous les fronts, du logement, de la précarité, aux femmes en lutte, aux désobéisseurs... qui, dans leur résistance à l'ordre établi, sèment les graines de l'utopie concrète. Je salue en particulier nos amis de Jeudi noir, représentés par Simon, qui savent résister à la galère du logement pour les jeunes... J'ai aussi une pensée pour les ouvriers de Philips à Dreux qui avaient repris la production après la fermeture de l'usine, démontrant que l'autogestion était bien une utopie concrète.
Déjà le Conseil national de la Résistance appelait au développement des coopératives et à l'instauration d'une véritable démocratie sociale et économique! Pour que les ouvriers et les employés n'aient pas simplement leur mot à dire, mais qu'ils soient aux affaires!
Des repères et un Forum en 2011
Plus modestement, notre commission Economie sociale et solidaire s'est attachée à doter le parti d'un document référentiel permettant de nous forger une culture commune et de faire le tri, en quelque sorte, entre les pratiques porteuses d'alternatives et celles qui se contentent de réparer les pires dégâts du capitalisme. Ce document doit permettre à nos élus et à nos militants d'évaluer ce qui est réalisé sur le terrain. Il servira aussi de base à notre réflexion commune vers ce qui pourrait être une loi-cadre formalisant par exemple les relations entre les acteurs de l'économie sociale et solidaire et les services publics, dans le cadre de la planification écologique. Ce travail nous a déjà servi à rédiger des propositions pour les dernières élections régionales.
Dans la foulée de ce travail d'élaboration, nous préparons un forum national du PG autour du thème “L'économie sociale et solidaire est une alternative au capitalisme?”.
Ce travail de positionnement de notre parti s'inscrit dans un contexte de batailles en cours qui mobilisent du monde au sein de la mouvance de l'économie sociale et solidaire.
Il y a tout d'abord l'attaque frontale du gouvernement contre les associations du secteur social, cuturel et de l'éducation populaire. Il s'agit de la circulaire Fillon du 18 janvier dernier, qui, au nom du principe de la “concurrence libre et non faussée” marchandise l'activité associative. Dans une logique purement commerciale, elle programme la mort des associations à but non lucratif et favorise le développement de structures purement commerciales, comme c'est la cas dans le secteur de la petite enfance ou de l'aide à domicile .
On se mobilise. Un appel « Non à la remise en cause des libertés associatives » a été lancé à la fin du mois d'avril. Un recours en Conseil d'État a été déposé pour excès de pouvoir. Un Collectif des associations citoyennes s'est créé en juin.
C’est la République, ce sont là encore les acquis du Front populaire et du CNR qu'on démantèle.
Nous appelons dans le même temps tous les élus à s'opposer à la réforme des collectivités territoriales et à décréter le territoire de leur collectivité « hors directive service ».
D'un autre côté, se préparent les Etats Généraux de l'économie sociale et solidaire.
Là, c'est a priori plus encourageant, puisqu'il s'agit de donner une visibilité et un poids au secteur. En mobilisant non seulement les militants mais la majorité des citoyens, les « non-initiés », qui souvent, comme les assurés des mutuelles, font de l'économie sociale sans le savoir.
Mais on est face à une difficulté. Parmi, les plus actifs dans la préparation de ces Etats-Généraux, on trouve des personnes qui se réclament de "l'entreprenariat social" (c'est nouveau, ça vient de sortir!), qui mettent en avant la finalité solidaire de leur association ou de leur entreprise suffisamment se soucier au fond du fonctionnement des structures, ni de la place réelle des usagers et des sociétaires dans les processus de décision. Ils ont en quelque sorte une vision plutôt libérale de l'économie sociale, qui aurait pour seul objet d'aider à réguler le capitalisme.
Ces personnes ressemblent comme deux gouttes d'eau aux hérauts du capitalisme vert... qui veulent bien faire de l'écologie à condition de ne pas toucher au système. Bref des gens qui ne s'émeuvent pas de voir des associations et des coopératives exploiter leurs salariés comme le ferait n'importe quelle entreprise capitaliste classique. Nous ne mangeons pas de ce pain-là. Nous on ne veut ni du green, ni du social washing!
L'Economie sociale et soilidaire se trouve donc à la croisée des chemins, tiraillée entre ceux qui veulent la cantonner à un secteur économique spécialisé dans le replâtrage du système et ceux qui y voient l'émergence d'alternatives concrètes au capitalisme et au productivisme. C'est encore une bataille politique, dans laquelle les libéraux de tous poils ne sont pas nos alliés. En revanche, nous avons initié une coopération avec Sylvie Mayer, chargée de l'ESS au partio communiste.
Car pour nous, il s'agit de construire, dans les entreprises et dans les territoires, la mobilisation populaire dont la révolution citoyenne a besoin."
Et pour finir, mon amie Martine Billard, à la tribune du congrès, désormais co-présidente, avec Jean-Luc Mélenchon, du Parti de Gauche.
Photos: Fanfan Baqué, Jean-Charles Girault. Merci à eux!
Salut François !
Le lien vers le site du collectif des associations citoyennes : http://www.associations-citoyennes.net/
Bien fraternellement,
Samuel
Rédigé par : Samuel | 23 novembre 2010 à 11:23
Merci, Samuel, je vais en profiter pour installer le lien aussi dans le corps du texte.
A bientôt.
F.
Rédigé par : François Longérinas | 23 novembre 2010 à 11:27