Lettre à mes amis écologistes
Je me suis rapproché des Verts dans la foulée des campagnes municipale et présidentielle de 1995.
J'y ai adhéré formellement tout début 1997, il y a un peu plus de douze ans.
J'ai pris beaucoup de plaisir à militer dans ce parti. Parce l'écologie politique était au cœur de son projet ; dans notre jargon, cela signifie une forte exigence de protection environnementale, de justice sociale et de démocratie. Mais aussi parce que notre mouvement inscrivait nos pratiques, à la fois dans les mouvements et dans les institutions.
Le succès d'Europe écologie a démontré que la bataille culturelle de l'écologie était pratiquement gagnée. Il reste à passer à l'acte. Et c'est là que cela se gâte...
Au moment où il me paraît nécessaire de mener conjointement les bagarres sociales et environnementales – car ce sont toujours les pauvres qui trinquent, chez nous comme au Sud –, Europe Ecologie, sous la houlette de Dany Cohn-Bendit, lorgne vers la Droite.
Bien-sûr nos amis de la gauche du parti sont décidés à se battre pour empêcher cette dérive et je leur fais confiance. Mais je suis malheureusement convaincu qu'ils pèseront peu.
J'ai donc décidé, comme Martine Billard, de sortir des Verts et d'amorcer un discussion avec le Parti de Gauche afin de fonder une véritable force politique écologiste de gauche. Ce n'est pas gagné, mais le pari vaut d'être tenté. Nous avons à peine six mois pour le réussir. Notre chance est de mener conjointement cette démarche avec Paul Ariès, directeur du « Sarkophage » et militant de la décroissance.
Je suis triste de cette séparation. J'en ai connu d'autres au cours de mon engagement politique et je sais que cela laisse des traces. D'autant que j'ai beaucoup d'amiEs parmi les Verts. J'ai déjà lu des mails parlant de trahison...
Mais je sais que certainEs ont compris que si nous prenions aujourd'hui des chemins différents, nous demeurions en accord sur l'essentiel, sur nos valeurs et sur le projet que nous portons. Je n'ai jamais eu l'esprit boutiquier, cela ne va pa changer demain.
Je suis certain que nous nous retrouverons...
Je vais poursuivre les combats dans lesquels je suis engagé, en particulier sur le plan local, comme le plan Climat et la lutte contre le tout automobile à Paris, le développement de l'économie sociale et solidaire (à travers le mouvement coopératif -SCOP-, l'animation de la régie de quartier Paris centre, l'accès aux paniers bio pour les familles pauvres, le projet de monnaie complémentaire SOL...), la solidarité avec les mal logés et les sans-papiers, la création de médias citoyens...
Amitiés écolos
François Longérinas
Maire-adjoint du 3e (Paris) de 2001 à 2008
Secrétaire des Verts Paris centre de 1997 à 2001
Dirigeant d'une société coopérative depuis 1995
Je vous invite à vous joindre à notre démarche et à signer l'Appel « pour un parti de gauche écologiste », que je reproduis ci-dessous en envoyant un mail à [email protected]
Appel pour un Parti de Gauche écologiste
par Paul Ariès, objecteur de croissance, Directeur du Sarkophage
et Martine Billard, écologiste, Députée de Paris
Les résultats des élections européennes témoignent de la montée en puissance d’une abstention des jeunes et des milieux populaires qui reflète à la fois le refus de l’Europe libérale, la crise de la représentation et la défiance politique qui touche l’ensemble des partis.
Dans le même temps, chacun peut constater la demande d’écologie exprimée dans le vote pour Europe Ecologie et le refus des régressions sociales et du libéralisme incarné par les scores du Front de Gauche et du NPA.
Dans ces deux domaines, l’urgence nous impose des décisions courageuses. Or le système capitaliste productiviste a sombré dans la démesure en consommant l'équivalent de plusieurs planètes! Les pays les plus pauvres, qui en sont pourtant les moins responsables, sont les premières victimes des catastrophes. Les pays les plus riches doivent donc montrer l’exemple. Faisons comprendre qu'il n’est pas possible d’avoir courir derrière une croissance infinie dans un monde fini. La décroissance de l’empreinte écologique est une absolue nécessité: il revient au politique d’en dessiner les contours.
En France, il y a urgence à faire front au sarkoproductivisme. Pour cela les réponses aux crises écologique, sociale et démocratique nécessitent de s’attaquer au mal à la racine en proposant une rupture franche avec les modes de production et de consommation dominants et de rejeter sans ambiguïté les assauts des démarches marketing d' « écolo-blanchiment » qui, au-delà de l'effet de mode, participent à l'aggravation de la crise écologique. Le « capitalisme vert » ou la croissance verte, derniers avatars de l’économie de marché, n'offrent pas de solutions à la hauteur des enjeux du XXIème siècle.
Il n’y aura donc pas d’alternative crédible tant qu’une nouvelle construction politique ne prendra pas en compte les exigences d’une transformation à la fois sociale et écologiste.
Nous sommes convaincus que le Parti de Gauche peut être l'un des vecteurs de cette convergence. Il doit pour cela tirer les leçons de la nouvelle situation et des limites actuelles de la gauche.
Pour nous, qui avons le souci de la préservation de la planète chevillé au corps tout autant que le désir d’égalité sociale et la lutte contre la société du mépris, le Parti de Gauche doit accomplir un geste symbolique à la hauteur des enjeux historiques en montrant qu’il est la force qui rompt avec l’aveuglement du passé. Cela suppose qu'il revendique explicitement l'identité écologiste, seule façon d’ancrer clairement sa volonté de se positionner tout autant dans les riches traditions de gauche que dans celles de l’écologie politique.
L’écologie ne va pas de soi, elle n’est pas une demi mesure et doit compter à part entière dans l’identité – et donc dans le nom-même – de cette force politique nouvelle. Le Parti de Gauche doit franchir ce pas pour construire une dynamique collective de convergences qui dépasse de simples ralliements individuels.
Il a décidé de tenir en fin d’année un congrès refondateur et propose pour cela un comité de co-organisation.
Nous prenons nos responsabilités en rassemblant des écologistes antilibéraux et des militants de gauche antiproductivistes pour participer à cette refondation vers un parti de gauche écologiste.
Pour se joindre à cette démarche envoyer un mail à [email protected]
Social, économie sociale et solidaire