Il n'est pas un jour, au café, dans la rue ou à
l'occasion d'une réunion dans le quartier, sans qu'on ne me la pose,
cette question. Et je sens une certaine gêne dans la voix et le
regard de mes interlocuteurs qui, en substance, laissent entendre
qu'ils trouvent bizarre que je puisse m'acoquiner avec les « amis
de Jean-Luc Mélenchon », bien éloignés de la culture écolo,
alternative et mouvementiste que je partage avec ceux et celles qui
sont sortis récemment des Verts autour de « l'Appel pour un
parti de gauche écologiste » initié par Martine Billard et
Paul Ariès.
Les signataires de l'Appel (cent-vingt
à ce jour) ont entamé un processus de co-élaboration du congrès
du PG qui doit se tenir en décembre. Cela signifie que nous
participons à la rédaction du programme, que
certains d'entre nous sont observateurs dans les instances nationales
du PG et que nous sommes entrés en relation avec le comités locaux.
Histoire de faire connaissance. Si tout se passe bien — ce que nous
souhaitons — nous adhérerons à ce parti au moment du congrès. Mais
ce n'est pas gagné. A ce jour donc, nous ne sommes pas au PG!
Alors, oui, il y a un choc culturel en
quelque sorte, notamment avec les militants rassemblés autour de PRS
(Pour une république sociale) et quelques anciens chevènementistes.
Tout ce petit monde afirme haut et fort, parfois un peu trop à mon
goût, un républicanisme chevillé au corps. Et là, nous sentons
bien que nous venons de planètes très éloignées... Non que nous
ne soyons tous républicains, mais cette référence me paraît un
peu lunaire et décalée par rapport aux débats d'aujourd'hui. Mais
l'engagement pour une « démocratie jusqu'au bout » me
paraît, lui, essentiel pour faire face au néo-libéralisme et à
l'individualisme ambiant.
Fin août, je suis allé, à
Clermont-Ferrand, au Remue-méninges, sorte de journées d'été du
PG. Il y avait environ 350 personnes et j'ai constaté à quel point
ce mouvement était hétérogène et plutôt jeune (beaucoup de
participants avaient moins de 35 ans). Ambiance très sympa et
chaleureuse (comme je l'ai souvent connu chez les Verts), avec un
très fort niveau de politisation. Bien-sûr ces 350 (sur 5000)
doivent être les plus actifs et ceux qui y ont pris des
responsabilités. Tout de même, ça fait du bien et j'ai vraiment
l'impression de me remettre en marche sur le plan de la réflexion
politique.
Curieusement ce n'est pas sur les
questions écologiques que ça va coincer le plus... Le PG est un parti qui a
réellement fait, en quelques mois, sa mutation écolo. Il y a bien,
ici et là, des groupes qui rechignent. Mais c'est marginal. Le PG
est une organisation qui fait totalement partie de la famille de
l'écologie politique. Les Verts n'en ont
plus le monopole.
C'est sur le rôle de l'Etat, le
fédéralisme ou les relations avec les mouvements sociaux ou les
luttes contre les discriminations que ce sera plus dur. Là-dessus,
il est indéniable que les Verts ou le NPA ont une longueur d'avance.
Mais on trouve aussi au PG des
décroissants, des responsables syndicaux, des militants lycéens et
étudiants, des intellectuels qui portent la tradition autogestionnaire... On est loin de l'image très vieille gauche donnée
dans les médias par les interventions de Jean-Luc Mélenchon, par
ailleurs excellent orateur. Il faudrait juste qu'il s'abstienne de
dire des âneries sur le Tibet et placer la République dans chaque
phrase (il a peut-être fait un pari avec un copain?) et l'image du
PG s'en porterait mieux.
Voilà, cette nouvelle période démarre
bien. Et je sais bien que je retrouverai mes anciens camarades verts
dans les assoces et les mouvements, pourquoi pas un jour dans la même
organisation?
Social, économie sociale et solidaire