Une fois n'est pas coutume: je relaie une interview parue sur le site de l'Ecole des métiers de l'information, où j'ai l'honneur de travailler...
Pour mieux comprendre pourquoi l’EMI s’est engagée dans la formation à la communication, quatre questions à Philippe Merlant, journaliste professionnel depuis 1975 (France Inter, L’Equipe, Libération, Autrement, L’Entreprise, L’Expansion, Tranversales Science Culture et La Vie), président de l’UPIC et co-fondateur de Reporter citoyen.
EMI : Pourquoi l’EMI, qui formait jusque-là exclusivement aux métiers de l’information, a-t-elle décidé de créer une formation qualifiante "Responsable de la communication, éthique, solidaire et sociale" ?
Philippe Merlant : Il s’agit d’abord de nous adapter à une réalité : depuis plusieurs années, certains de nos stagiaires, après s’être formés aux techniques des métiers de l’information, trouvent du travail dans les secteurs de la communication. Ensuite, nous avons voulu tirer les leçons d’une double évolution : d’un côté, une dégradation des conditions de fabrication de l’information, de l’indépendance et des postures éthiques, qui conduit certains médias à s’éloigner des fondamentaux du journalisme tel que nous le concevons ; de l’autre, la tentative, chez certains acteurs, de s’éloigner d’un type de communication descendante, axée sur la promotion et le marketing, pour une démarche plus horizontale, plus participative, plus respectueuse de la réalité dans sa complexité. Bref, nous ne sommes plus dans la situation caricaturale « les bons » (les médias d’information) contre « les méchants » (la com’). Les choses deviennent plus complexes.
EMI : Pourquoi avoir créé un parcours de communication orienté vers le secteur de l’économie sociale et solidaire ?
Philippe Merlant : Étant nous-mêmes une Scop, nous nous sentons à l’aise, et même partie prenante, de l’économie sociale et solidaire. Nous pensons aussi que, s’il est un secteur qui devrait promouvoir une communication éthique et participative, c’est d’abord celui-là. Or, la vérité oblige à dire que ce n’est pas toujours le cas. L’ESS doit inventer de nouveaux modes de communication, conformes à ses valeurs et au sens de son action. C’est également le cas de l’action publique, et notamment des collectivités territoriales, qui constitue d’ailleurs la deuxième cible de ce parcours.
EMI : À qui s’adresse cette formation qualifiante ?
Philippe Merlant : À toute personne de niveau bac + 3, ayant déjà une première expérience professionnelle, désirant travailler dans la communication et intéressée par l’économie sociale et solidaire ou l’action publique territoriale. Ce peut être, par exemple, des salariés associatifs récemment chargés de missions de communication. Ou des spécialistes de la communication, insatisfaits du sens de leur travail et qui souhaitent travailler dans des structures de l’ESS ou des collectivités locales. Ou encore des journalistes, qui ont envie d’évoluer vers ce secteur tout en préservant une approche éthique de leur métier.
EMI : Quel est le contenu de cette formation, et en quoi prépare-t-il les stagiaires à être opérationnels ?
Philippe Merlant : Trois éléments structurent la partie théorique de la formation : d’abord, un rappel des fondamentaux de l’ESS et de l’action publique, préalable pour travailler dans ces secteurs en en comprenant les spécificités ; ensuite, une maîtrise de la stratégie de communication, indispensable pour comprendre le sens et la cohérence de ce que l’on fait ; enfin, un apprentissage de tous les outils disponibles, afin d’être familiarisé avec les différents supports multimédias et de savoir les articuler. La partie pratique se compose d’un projet école, d’un stage d’un mois dans une structure de l’ESS ou une collectivité locale, d’une initiation à la recherche d’emploi et à la création d’activité. Au terme de ce parcours, les stagiaires seront donc toutes les cartes en mains pour être pleinement opérationnels dans leur nouveau métier.
Social, économie sociale et solidaire