Cela fait bien longtemps que je n'ai rien rédigé de personnel sur ce blog.
Depuis avril 2015, en fait. Et cela correspond précisément à la date de mon arrivée à Saint-Denis, dans le 9-3, après avoir passé près de trente à Paris, et dans un périmètre assez serré, bordé à l'Est par la Place de la Bastille, au Nord, par celle de la République et à l'Ouest, par celle, plus modeste, des Victoires.
J'y ai vécu la transformation d’un territoire, encore assez diversifié sociologiquement au milieu des années quatre-vingt, en un ensemble de quartiers bourgeois, dans lesquels le nombre de propriétaires habitants leurs logements semble s'être accru et celui des locataires chuter. Avec un prix de vente au m2 dépassant souvent les dix mille euros.
Beaucoup d'entre eux ont quitté le centre de la capitale pour rejoindre les arrondissements périphériques, voire les communes limitrophes. Ont pu rester celles et ceux qui avaient eu l'opportunité d'acheter leur logement alors qu'il ne coûtait pas encore trop (de francs;-) Il y aussi, en petit nombre (moins de 7% des habitants du 3e), qui sont locataires de logements sociaux.
Je fais donc une différence enter deux périodes, celles des « bobos », autrement dit les "petits-bourgeois-urbains", précédant celles des « bourgeois », qui ont les moyens de mettre un million sur la table pour acquérir quelque cent mètres carrés. Le plus exaspérant est le cas, en plein développement, des investisseurs qui louent leurs appartements à la semaine ou au week-end, via Airbnb... et les immeubles où il ne reste plus qu'un ou deux habitants permanents sont de plus en plus nombreux. Bref Paris centre n'est plus un territoire petit-bourgeois, mais accaparé de plus en plus par de vrais riches.
Même si le combat que nous avons mené avec le Collectif logement du 3e, l'Atelier local d'urbanisme et les associations de solidarité a été enthousiasmant, il n'a que très peu freiné l'embourgeoisement de ces quartiers, devenus infestés de riches;-)
Je tire mon chapeau aux élu.e.s et militant.e.s du Centre de la capitale qui n'ont pas jeté l'éponge et poursuivent leur engagement pour freiner la gentrification et développer les solidarités locales. Je pense bien entendu à la Régie de quartier, au FIT, à ATTAC Paris centre, aux groupes locaux d'EELV, de la FI, du PCF et à leurs élu.e.s, Laurence, Yves... et j'en oublie !
Pour mieux comprendre le phénomène à l'œuvre, la lecture de « Paris sans le peuple », d'Anne Clerval, paru aux éditions La Découverte, est salutaire.
Une très bonne critique de cet ouvrage est à lire sur le site « La vie des idées ».
La prochaine, on causera de la Ville des rois de France ! Ciao ! Ciao !
Un intéressant complément de la part de Pierre M. qui l'a posté sur FB:
" https://lectures.revues.org/22123 j'ai lu celui-ci récemment, beaucoup plus nuancé et intéressant sur le phénomène de gentrifications dont c'est une notion parfois floue et pas forcément toujours de la responsabilité de celles et ceux qu'on croit (les "bobos" ou les CSP+ dont je fais partie). Avec quelques idées de politique publique à mener pour ne pas faire reposer les choix sur les seuls individus."
Rédigé par : François Longérinas | 29 octobre 2017 à 18:36