Je vous livre une contribution de mes amis et camarades Romain Biessy et Maël Goepfert, responsables Logement-Ville-Habitat du Front de Gauche. Une belle démonstration qu'une politique volontariste est nécessaire et que les demi-mesures prônées par le parti socialiste sont bien loin du compte.
«La gauche propose bien un encadrement des loyers mais, pour le PS, la solution consiste à ralentir la hausse d’un marché qui a déjà atteint des sommets inaccessibles pour le plus grand nombre alors que le Front de Gauche inverse la tendance en redescendant sur terre.»
A quelques jours du premier tour, enfin, les langues se délient et les nuances apparaissent. Sur la question du logement, cette campagne aura eu le mérite d’offrir à nos concitoyens un éventail de termes appelant à la régulation des prix locatifs du parc privé, «blocage», «limitation à la hausse», «encadrement»...
Derrière ces formules, les réponses ne sont pas les mêmes à la seule question qui compte: peut-on se loger en Ile-de-France et dans les grandes villes au prix actuel du marché?
La réponse est oui si l'on accepte de vivre dans un espace plus que réduit.
Par contre, si on désire un peu de dignité et de l’espace pour que s’épanouissent les enfants, c'est impossible! Quant au luxe d'avoir une chambre pour les parents et chacun des enfants, il faut percevoir des salaires de cadre «très supérieur»! La solution actuelle pour diminuer le coût lié au logement consiste à passer beaucoup de temps dans les transports pour se rendre de son logement à son travail ou d’accepter de laisser la chambre aux enfants pour dormir dans le salon.
Voilà la réalité des conditions de logement des ménages.
Au Front de Gauche, nous avons choisi la clarté et déclinons notre projet avec la revendication «encadrement à la baisse». Comment? En faisant la moyenne des loyers pratiqués dans un bassin d’habitat dit «tendu», permettant d’établir par décret une fourchette de prix à ne pas dépasser. Cette fourchette des prix vise à favoriser les propriétaires ayant investi dans l’isolation de leur logement par rapport à ceux qui ont reçu des aides de l’Etat pour s’en porter acquéreur. Nous appelons cela la justice sociale et la planification écologique. Le 7 décembre 2011, un projet de loi d’«encadrement des loyers et renforcement de la solidarité urbaine» déposé pour les députés du Front de Gauche avait eu le vote de toute la gauche de l’hémicycle sous les quolibets de la droite.
Or il apparaît à la lecture de l’article «Encadrement des loyers: Hollande recycle et Sarkozy change d'avis» publié le 12 avril dans Mediapart par Ellen Salvi, que Benoîst Apparu, secrétaire d’Etat chargé du logement, confond le projet du PS...
... avec celui du Front de Gauche «mais la disposition que nous adapterons du système allemand n’a rien à voir avec la proposition du PS qui veut faire baisser les loyers du marché, administrativement». Heureusement que Monsieur Repentin précise «quand il y aura un changement de locataire ou la mise en location d’un logement neuf, on s’assurera qu’il n’y a pas une augmentation de loyer inexpliqué».
Chacun appréciera la nuance. La gauche propose bien un encadrement des loyers mais, pour le PS, la solution consiste à ralentir la hausse d’un marché qui a déjà atteint des sommets inaccessibles pour le plus grand nombre alors que le Front de Gauche inverse la tendance en redescendant sur terre.
Faire baisser les loyers a aussi le mérite de soutenir le logement social parce qu’en favorisant un meilleur taux de rotation dans ce parc on permet l’attribution de logement à un plus grand nombre de demandeurs à court terme. Par ailleurs, cela permet de meilleures conditions dans le futur d’acquisition d’immeubles ou de terrains à construire pour les bailleurs sociaux grâce à la baisse de la valeur mobilière engendrée. Faut-il le rappeler?
Pour le Front de Gauche, si cette mesure d’encadrement à la baisse est nécessaire, elle n’est cependant pas suffisante pour sortir définitivement de cette crise organisée par le maintien de la pénurie. Nous devrons réquisitionner les logements laissés vacants par des investisseurs sans scrupule qui jouent sur la spéculation, tout en construisant 200 000 logements sociaux par an répondant à l’urgence sociale et environnementale du XXIe siècle, c'est-à-dire abordables et correctement isolés. Cela passera aussi par un renforcement de la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) et la création d’un service public décentralisé du logement correctement doté en moyens afin d’assurer une meilleur maîtrise du foncier pour un habitat de qualité.
Avec le Front de Gauche, gagnons la bataille de l’offre pour l’humain d’abord!
Romain Biessy et Maël Goepfert, responsables du pôle ville-habitat du Front de Gauche.
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