Je suis bien-sûr un peu sonné ce matin par les résultats du premier tour de la présidentielle. Non tant par le score de Jean-Luc Mélenchon que par celui de l'infâme matronne de l'autre bord, qui, soit dit en passant, fait moins que son père et Mégret additionnés en 2002. Ils avaient fait 19,2 à eux deux. Et je ne compte pas De Villiers. Ce qui est inquiétant, comme me l'a fait remarquer mon ami Bob, "c'est que, le nombre d'électeurs ayant augmenté, ils ont gagné près d'un million d'électeurs en dix ans. Ce qui est sûr, c'est que le FN s'est installé dans le paysage politique comme une force rassemblée. Il y a depuis les années 30 un électorat d'extrême-droite de l'ordre de 14% en France. Ce n'est pas nouveau..."
Mais je n'ai pas tout perdu...
Installé en terrasse chez Jeannette, rue du Faubourg-Saint-Denis, un matin de juillet dernier, je rencontre Marc, un vieux pote croisé régulièrement depuis vingt-cinq ans dans les mouvements de la gauche alternative. Il est séduit par le Front de Gauche, mais n'y croit pas, me dit-il, depuis l'échec de la candidature Bové. Il me promet un restau "classe" si Mélenchon fait plus de 5%... Nous topons. Il faut dire que les sondages le mettent à 3, le Jean-Luc.
C'est en janvier que tout s'est accéléré... à la fin de ce mois-ci, deux amis montreuillois m'interpellent à l'occasion d'une petite fête para-professionnelle. Trentenaires, l'une et l'autre sont engagés à Attac et ont décidé de faire la campagne du Front de Gauche. Mais traumatisés par l'échec d'une candidature unitaire de l'Autre gauche en 2007, on ne la leur fait pas: un 6-7% leur irait bien. Je leur parie un dépassement du 10. Banco: les deux s'engouffrent dans la brèche. Me voilà aujourd'hui avec deux repas de plus dans la musette.
Une semaine plus tard, alors qu'un premier sondage met Jean-Luc à 10%, je récidive pour un apéro en jeu.
Trêve de balivernes, on va se faire une bouffe avec ces copains... à la santé de notre score à deux chiffres et de la poursuite de notre combat contre Sarkozy et l'extrême-droite. Il n'empêche que je suis amer. J'aurais tant voulu que Le Pen soit derrière!
Je suis à la fois triste et fier de cette magnifique campagne. Je n'en avais pas vécue d'aussi forte et unitaire depuis plus de trente ans. Aucun candidat à la gauche du PS n'avait dépassé les 10% depuis 1981.
Mardi 1er mai, on se retrouve dans la rue avec les syndicats et le mouvement social.
Dimanche 6, on boute Sarko hors de l'Elysée.
Pour la suite, la lutte continue avec le Front de Gauche pour une révolution citoyenne, pour faire barrage au Front national. Pour un monde de partage.
Petit coup de blues le soir du 22 avril? (photo: S. Burlot)
Salut François,
je suis d'accord : prenons le temps de nous retrouver entre camarades pour se remonter le moral (autour d'un verre et un repas, c'est mieux!), pour se féliciter de la belle campagne du Front de Gauche, et pour reprendre des forces afin de continuer la lutte.
A très bientôt, dans la rue le 1er mai !
Amitiés militantes
Rédigé par : Stephane | 24 avril 2012 à 10:43
Certes. Mais entre 2002 et 2012, le nombre d'inscrit-e-s progresse de 4 835 693.
La donnée pertinente pour mesurer des évolutions de fond dans le temps, c'est le pourcentage d'inscrit-e-s.
Entre la somme (Le Pen + Mégret) en 2002 et Le Pen en 2012, il y a une progression de 0,61 point d'inscrit-e-s.
Encore faut-il se souvenir qu'en 2002, le candidat de CPNT avait fait une campagne sur la ruralité décrite comme donnée identitaire, avec des éléments idéologiques proches de l'extrême droite. Il avait alors obtenu 1 204 689 voix, soit 2,92 % des inscrit-e-s. La forte progression du vote FN en zone rurale n'est pas sans rapport...
Bref, cela demande à être affiné, mais il y a unification de l'extrême-droite et maintien à un haut niveau idéologiquement, ce qui est un sérieux problème, mais la "progression" de Le Pen est largement surévaluée dans les commentaires. Et dans certains territoires où le FdG est fort, il y a recul (1,59 points d'inscrits dans le Val-de-Marne, par exemple).
Rédigé par : Tom | 24 avril 2012 à 22:50