Patrick Viveret et Jean-Philippe Poulnot à l'AG nationale de l'association SOL, le 14 décembre à Paris
Le développement du SOL rencontre des difficultés qu’elle n’a jamais connues, alors que l’idée de monnaies complémentaires, sociales ou alternatives fait son chemin auprès du grand public comme l’une des réponses aux crises financière, sociale et écologique.
L’association nationale SOL tenait son assemblée générale ce lundi 14 décembre et j’y participai comme membre de son conseil d’administration. En l’absence du président, Claude Alphandéry, Patrick Viveret a animé la réunion, avec le talent qu’on lui connaît.
Deux visions sont apparues au cours de la journée. L’une est portée par les grandes entreprises de l’économie sociale (Macif, Chèque déjeuner, Crédit coopératif) et vise à industrialiser la mise en place du Sol par de grandes opérations commerciales de développement de cartes de type smileys entre entreprises de l’économie sociale. L’autre est soutenue par les représentants des territoires (associations locales, mairies…) et privilégie le tissage du réseau. Le bureau a proposé une habile synthèse de façon à permettre à chacun de développer le projet selon son idée…
Mais une chose est certaine, nous sortons de la phase expérimentale, soutenue par l'Union européenne, pour entrer dans l'opérationnel. Ce qui explique des débats parfois vifs...
Pour rappel
Le Sol est une monnaie encore expérimentale issue du projet Sol, réalisé en partenariat par une banque, des compagnies d’assurances, le groupe Chèque Déjeuner et des régions françaises et avec le soutien du Fonds Social Européen, programme Equal. Sol est une abréviation de solidaire. Il s’agit d’une monnaie complémentaire[1] qui vise à replacer l’argent comme moyen et non comme une fin. (Source : document “Des clefs pour Sol”, du réseau Sol) C’est aussi une monnaie fondante qui lorsqu’elle n’est pas utilisée est réaffectée collectivement à des projet d’utilité sociale et écologique. Elle s’appuie sur le réseau Sol, ensemble des entreprises et partenaires qui adhèrent à cette monnaie...
Elle est actuellement en cours de lancement à Lille, Rennes, Carhaix, Paris, Nanterre, Fontenay-aux-Roses, agglomération grenobloise, Communauté de communes du Val de Drôme. Cette monnaie est complètement dématérialisée : pas de pièces ni de billets. Les échanges passent par un des supports électroniques : carte à puces, internet, téléphone.
Elle développe trois volets d’échange :
• La coopération entre entreprises de l’économie sociale et solidaire (Sol Coopération)
• L’engagement dans des activités d’entraide (Sol Engagement),
• Les politiques sociales à travers une monnaie affectée (Sol affecté).
Le Sol coopération fonctionne de manière analogue à une carte de fidélité. Plus l’on consomme en Euros dans un réseau d’entreprises qui partagent des valeurs écologiques et sociales, plus on engrange des Sols qui pourront être dépensés dans les structures du réseau Sol. Le Sol coopération vise ainsi à soutenir les entreprises de l’économie sociale et solidaire en donnant un sens à nos consommations. Le Sol engagement est, quant à lui, “un outil d’échange entre personnes”. Il vise à rendre visible et à valoriser l’engagement des Solistes dans des associations qui participent au programme Sol. Les bénévoles en contrepartie de leur engagement reçoivent des Sols qui pourront leur permettre “d’acheter” des services dans l’esprit des Systèmes d’échanges locaux (SEL). Enfin le Sol affecté est un outil d’action sociale émis par les collectivités territoriales, les mutuelles, les comités d’entreprise vers des “publics cibles” pour leur permettre d’accéder à certains biens et services.
Le projet Sol est parti du collectif “Reconsidérer la richesse” qui s’inspirait des travaux de Patrick Viveret. Il s’appuie désormais sur un projet Equal 2 du Fonds social européen et sur les groupes chèque déjeuner, le crédit coopératif, la Maif et la Macif.
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