“S’il doit y avoir une paix
véritable, une solution doit être trouvée à travers des
négociations pour résoudre le statut de Jérusalem comme la future
capitale de deux États », indiquent les conclusions du Conseil
européen des ministres des Affaires étrangères sur le processus de
paix au Moyen-Orient. Les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept ont
tenu à rappeler qu’ils n’ont « jamais reconnu l’annexion
de Jérusalem-Est » et appellent « le gouvernement
israélien à cesser son traitement discriminatoire des Palestiniens
de Jérusalem-Est ». Leïla Chahid était hier soir
l'invitée d'une soirée organisée par “le comité Justice et Paix
en Palestine et au Proche-Orient” du 5e à l'Institut du monde
arabe, à Paris.
Quatre journalistes* étaient invités
pour interroger Leïla Chahid, histoire d'éviter un long monologue
de la dame, qui sait pourtant être une bonne oratrice. Dans une
salle comble, j'aperçois de nombreuses personnalités connues pour
leurs engagements en faveur d'une paix juste et durable pour les
peuples palestinien et israëlien: Bernard Ravenel, président de
l'Association France-Palestine-Solidarité, Jean Lacouture, écrivain
et journaliste, Mokhtar Taleb-Bendiab, directeur général de l'Institut du monde
arabe...
Pour ma part, je représentais
modestement le bureau national du parti de Gauche.
En
introduction, Leïla Chahid nous a expliqué ses difficultés à
appréhender le fonctionnement des institutions européennes, qui ne
connaissent pas d'exécutif doté d'un pouvoir réel. Il n'empêche,
la déléguée palestinienne observe une Europe en construction et salue
la dernière résolution reconnaissant Jérusalem comme un réelle
avancée vers la paix... un petit pas entre la frilosité d'Obama
empêtré dans son combat pour l'assurance maladie et la sur-activité
des colons israëliens, les seuls, selon elle, à incarner un
“mouvement politique” offensif et dynamique dans le pays.
Ce
qui m'a le plus marqué, c'est la vision lucide et quelque peu
désespérée qu'elle délivre de la situation en Israël. Un pays
épuisé, dans lequel les émigrés d'origine russe représentent
aujourd'hui 20% de la population et se comportent en racistes
cyniques qui ne comprennent pas que les Israëliens aient pu
chercher, à tel ou tel moment, des solutions de paix avec les
Palestiniens, ces gens qui n'ont rien, ni capitaux, ni armes... Une
société israëlienne en grave crise où les écarts se creusent
entre une infime minorité possédante et une masse qui se paupérise.
Elle
déplore aussi l'impuissance des pays arabes et se montre
compréhensive à l'égard du président de l'Autorité
palestinienne, qui jette l'éponge dans le découragement et
l'abattement, pris en tenaille entre le Hamas, les colons, une Europe qui a du mal à peser dans la Région et une
diplomatie américaine qui change de cap trop souvent depuis l'arrivée d'Obama au pouvoir..
Bref
une belle soirée, émouvante, avec une Leïla Chahid en pleine
forme, toujours le sourire aux lèvres, regrettant que Michel
Warshawski, l'un des principaux animateurs israëliens des mouvements
pour la paix depuis 30 ans., ne soit parmi nous pour témoigner
aussi.
Une
soirée qui avait débuté par un super concert d'un ensemble choral
de musique arabo-andalouse, dont je vais essayer de retrouver les
coordonnées et de diffuser un morceau ici.
*
René Backman, Le Nouvel Obs, Denis Sieffert, Politis, Dominique
Vidal, Le Monde diplomatique et Hassan Zerrouky, L'Humanité.
Social, économie sociale et solidaire