Je suis allé mercredi dernier à la première réunion du conseil de quartier Arts et métiers. Les périmètres de ces conseils ont changé avec la nouvelle mandature. Ils reprennent désormais la géographie des quartiers administratifs «officiels». Ce nouveau découpage présente comme inconvénient majeur de couper le quartier des Gravilliers en deux, ce qui est manifestement une erreur (volontaire ?) de la part de l’équipe municipale.
Bon, il y avait du monde, plus de quarante personnes serrées dans la grande salle de la régie de quartier, au 56 rue du Vertbois. C’est logique pour une relance et sans doute une moitié des personnes présentes découvraient le conseil de quartier, manifestant un intérêt pour la vie locale et l’envie d’améliorer les choses.
Benoît Guérard et Didier Bonnavaud, respectivement président et directeur de la régie de quartier Arts et métiers, nous ont accueilli chaleureusement, rappelant l’investissement de l’association dans le repas de quartier qui fut un grand succès en 2008.
Puis ont officié Patrick Badard, élu du 3e et Sandrine Pereirinha, chargée de mission à la mairie du 3e. Ils ont ainsi rempli sympathiquement leur devoir d’installation de ce nouveau conseil.
Et c’est là qu’on peut commencer à s’inquiéter : le rôle assigné aux conseils de quartier est en nette régression...
... par rapport à la mandature précédente. Un exemple, le budget. Tout
d’abord, il a fallu une question à ce sujet pour que les représentants
de la mairie l’abordent. Un acte manqué ? Bref, Patrick Badard se
lance dans une démonstration qui nous amène à une commission
inter-conseils de quartier qui in fine décidera que l’argent dédié aux
investissements des conseils de quartier sera discuté avec les élus, à
partir des propositions de ceux-ci… Vous me suivez? Comme les conseils n’avaient pas
réussi à dépenser leurs budgets les années précédentes, on centralise
et ce fric servira à financer des projets des élus ! J’avais vécu les
prémices de cette dérive, alors que le directeur général des services
négociait avec les bureaux des conseils de quartier de financer avec
l’argent des dits conseils des projets que la mairie avait du mal à budgétiser elle-même. Et on me disait à l’époque : « De toutes façons,
c’est de l’argent de la mairie ! » Bien-sûr ! Mais c’est le contraire
d’une démarche de démocratie locale qui vise à partir de la proximité,
au plus près des gens.
Au pire, c’est du contrôle/verrouillage exercé par la mairie, au mieux,
c’est la flemme de se colleter au vrai problème des conseils de
quartier qui ont tant de mal à gérer ces budgets ? Alors on fait des
raccourcis, quitte à éteindre toute flamme.
Par ailleurs et peut-être sans s’en rendre compte, les représentants de la mairie
poussaient aussi à organiser des commissions inter-conseils de quartier sur
pleins de thématiques (animations, circulation…). De grâce, laissez-les
s’organiser, penser à l’échelle du quartier… pour ensuite rencontrer
leurs collègues d’à côté…
Bref, c’est un peu mal barré. Une fois de plus, les raccourcis prennent
le pas sur le travail de fond. Combien y aura-t-il encore de gens à ces
réunions dans un an ?
Bonjour François
Hélas je n'ai pas pu venir au premier Conseil de Quartier.
J'avais envoyé un mail à Sandrine (un peu tard je le reconnais) en espérant qu'elle en fasse part. Je te transmets mon texte même écrit à la hâte:
"Dans l'optique d'actions dans un conseil de quartier permettez-moi de réagir sur un problème que je connais bien.
Ma rue est beaucoup trop fréquentée par les automobiles, cars, camions,
très dangereuse pour les cyclistes et autres 2 roues. Le carrefour avec la rue de Bretagne et la rue du Temple est infernal à tous les points de vue: bruit, pollution (irrespirable, on ne peut plus ouvrir les fenêtres), et dangerosité pour les piétons. Pourquoi la rue de Bretagne est-elle à double sens?? ce qui contribue au passage inévitable des automobilistes qui traversent Paris. C'est véritablement une route Nationale 24h/24, jour et nuit, semaine et week-end (jamais la paix sauf quand il y a des manifs ou
le défilé des rollers)
De plus, il était question à un moment de planter des arbres (un peu de chlorophylle pour respirer!) entre Arts et Métiers et la rue de Temple mais
je vois que seule la rue de Bretagne est prise en compte. Je vous rappelle que la rue Réaumur fait partie du 3e arrondissement, un des plus anciens de
Paris, centre historique. Les immeubles résistent tant bien que mal aux vibrations. Les fissures se creusent de plus en plus et réapparaissent après ravalement. Les vibrations dues à la circulation sont plus graves que l'affaissement des immeubles dû à leur ancienneté).
Je propose de rétrécir le "boulevard" Réaumur, bien tracer la piste cyclable qui s'arrête à Arts et Métiers (après? dans la nature les cyclistes?), le couloir de bus également et replanter des arbres des 2 côtés (il parait qu'il y en avait dans les années 70). Il n'y a pas que des
grossistes rue Réaumur, il y a aussi des habitants au-dessus des boutiques.
Je rappelle également que certains lampadaires sont très près des fenêtres et éclairent allègrement toute une pièce, nos chez nous!
Voilà mes réflexions hâtives mais sincères. J'espère que vous en ferez part à ceux qui seront présents ce soir.
Bonne réunion! Que ceux qui me soutiennent me contactent."
Béatrice
blagardeATlesechos.fr
Rédigé par : Béatrice | 28 novembre 2008 à 14:35
Cher François,
En lisant ton article sur le Conseil de quartier Arts et métiers, j'avoue être étonnée tant tes critiques sont contradictoires ou ne vont pas au fond des choses.
Sur le découpage des Conseils de quartier (CQ) par exemple : tu aurais pu voir - reconnaître ? - que les commissions inter-CQ auraient pour effet de compenser les limites du nouveau découpage territorial ; ainsi, pour reprendre ton exemple, le quartier des Gravilliers pourra-t-il être tout à fait appréhendé globalement à travers ce type de commissions transversales.
Par ailleurs, sauf à faire un procès d'intention ou à n'avoir pas compris ce qu'a dû expliquer Patrick Badard, élu référent du Conseil de quartier auquel tu as assisté, où as-tu vu que le rôle des CQ était en nette régression ? S'agissant du fonds de participation des habitants (la part du budget d'investissement de la Ville pour laquelle les CQ ont la possibilité d'émettre des propositions d'affectation), la création de la commission budgétaire inter-CQ a justement pour objectif de leur permettre,en discutant avec les élus (car les CQ se sont plaints de manquer d'éclairage sur les possibilités qui leur sont ouvertes), de faire enfin des propositions pour l'affectation des sommes conséquentes restant en attente de leurs idées.
La commission fera ainsi le lien entre tous les CQ sur ce sujet et entre eux et la municipalité et j'espère que leurs propositions permettront rapidement de financer de nombreux équipements qu'ils jugeront utiles aux habitants.
C'est tout le contraire de "la flemme de se colleter au vrai problème des CQ qui ont tant de mal à gérer ces budgets" ! Et si je me souviens bien, tu n'as guère résolu ce "vrai problème" quand tu étais l'élu référent d'un CQ dans la précédente mandature...
Je trouverais franchement plus sérieux de ta part que tu fasses des propositions plutôt que de critiquer a priori et tous azimuts le nouveau dispositif et de spéculer sur une éventuelle désertion des CQ dans un an... C'est ce que tu souhaites ?
Cordialement,
Christine FREY
Maire adjointe en charge des Conseils de quartier
Rédigé par : Christine FREY | 01 décembre 2008 à 13:50
Chère Christine,
Je regrette sincèrement que tu aies apparament tant de difficultés à intégrer les critiques formulées à l'égard de la politique municipale. C'est dommage car le débat est constituant d'une bonne santé de la démocratie. Et tu comprendras bien que mon nouveau statut de non-élu me confère une indépendance et un recul difficiles à mettre en œuvre quand on a le nez dans le guidon. Mais bon.
Pour revenir aux sujets qui nous intéressent, je pense sincèrement qu'il y a un risque de sclérose des conseils de quartier. C'est pourquoi je propose, comme j'ai commencé à la faire lors du dernier conseil Arts et métiers, que l'on parte systématiquement des préoccupations des habitants dans leurs conseils respectifs, à la base, et non en impulsant d'emblée des coordinations inter-conseils. Et si la commission budgétaire inter-CQ vise à armer techniquement les membres des conseils, pourquoi pas? Mais ce n'est pas ce qui s'est passé jusque-là. C'est pour cette raison que je je trouve que le nouveau découpage n'est pas une bonne idée. On ne peut pas vouloir donner de la cohérence et de l'autonomie aux conseils et leur proposer de rencontrer d'abord leurs voisins...
Soyons clairs: je ne mets pas en doute ta sincérité à faire vivre une véritable démocratie locale. Mais le naturel des élus à ne pas se faire déborder est tel que si l'on n'installe pas des garde-fous, s'installe une logique de contrôle.
L'alchimie entre un rôle d'animation des élus et une véritable indépendance des quartiers est difficile à mettre en place.
Je sais que tout cela n'est pas facile, que les appréciations différentes que nous faisons les uns et les autres de la situation relève souvent d'une logique de verres à moitié pleins ou à moitié vides...
Si on ne veut pas être taxés d'hégémonistes pour les uns ou de critiques strictement négatifs pour les autres, il faut pouvoir échanger, s'écouter et se respecter mutuellement.
Bien à toi.
François
Rédigé par : François Longérinas | 03 décembre 2008 à 13:11