Mamadou Konté, l'homme qui avait raconté son histoire à François Béranger, qui en composa une chanson... la fameuse "Mamadou m'a dit"...
Eh bien, Mamadou s'est éteint il ya tout juste une semaine, à Dakar, au Sénégal. Il était hospitalisé depuis deux semaines, suite à un problème cardiaque.
Mamadou, je l'avais connu au début des années 80, dans la période des radios libres: il animait une émission hebdomadaire à Fréquence libre, radio locale parisienne, dont j'étais responsable des programmes.
C'était un géant, au sens propre et au figuré.
Comme il avait su enthousiasmer les foules comme leader des résidents des foyers Sonacotra, il racontait des histoires qui n'en finissaient pas sur les ondes, initiant le public français aux arcanes de la musique africaine. Mais il a su donner toute leur place à Xalam, Selif Keita, Manu Dibango et autres Toure Kunda...
Mamadou qui s'en va, c'est une partie de nous qui se déchire, qui s'envole... un morceau de notre jeunesse. Et ça fait mal.
En réaction au projet giscardien d'aide au retour, il avait créé "l'Association d'aide au retour créateur des travailleurs
africains". Il s'agissait de préparer intelligemment le retour au pays de
ceux qui le désirent. Travail collectif, dont le principal vecteur sera
culturel.
"Je ne suis pas africaniste, je ne cherche pas à
défendre seulement les Africains. J'essaie de défendre une idée qui
profite autant aux enfants français, africains, et du monde entier.
C'est ça mon histoire."
Ainsi parlait Mamadou Konté, Mathieu pour ses amis de "Révo!".
Ce soir, je suis triste d'avoir perdu un ami, un camarade, un repère.
Né à Tambacounda au Sénégal, ce Malien naturalisé Sénégalais avait
commencé son parcours français comme immigré “de base” en 1965.
Ouvrier
pendant dix ans, il débute comme balayeur dans une usine
métallurgique. 1968 l’incite à se politiser et à se syndiquer à la
CGT. Arrivé illettré, il apprend à lire et à écrire auprès de
ses amis militants. Il fonde alors l’organisation politique "Révolution Afrique". Dans le même temps, il est un des leaders charismatiques de la lutte des résidents des foyers Sonacotra.
Fondateur, en 1978, du premier festival entièrement consacré aux
musiques africaines en France, Africa Fête, il joue un rôle essentiel
dans l’émergence de ces musiques sur le plan international.
Successivement manager de Xalam, Salif Keïta et Positive Black Soul,
Chris Blackwell (fondateur d’Island et producteur de Bob Marley) lui donne sa confiance, lui permettant notamment de développer Africa
Fête aux États-Unis.
Depuis 1994, Mamadou Konte avait recentré son activité à Dakar et se
démenait pour mettre en place un système d’économie culturelle viable
pour les musiques et les artistes en Afrique. L’engagement constant et
la sincérité de cet homme qui aimait la musique resteront en mémoire de
tous ceux qui l’ont connu et apprécié.
En prime, un petit extrait de la chanson de Béranger...
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