Après l'appel "Gauche: ne plus tarder", LE LIVRE...

Le 1er juillet 2014, nous étions quatorze responsables politiques membres des socialistes affligés, d’EÉLV, d’Ensemble!, de Nouvelle Donne, du PCF, du PG, féministes et acteurs du mouvement social, à avoir exprimé dans une tribune notre inquiétude pour l’avenir de la gauche. Identifiant la politique Hollande/Valls comme principale responsable de l’abstention massive et de la banalisation du vote FN lors des échéances municipales et européennes, nous soulignons l’urgence de la convergence des forces, femmes et hommes partisans de l’alternative politique et de la refondation de la gauche.

Cet appel demandait à être prolongé et son contenu développé et argumenté, parce que les préoccupations qu’il exprime et les questions qu’il pose sont largement partagées : les choix du pouvoir socialiste constituent-ils le seul horizon possible à gauche, ou existe-t-il une autre issue pour répondre aux attentes populaires ? Quelle autre politique et comment faire pour la rendre majoritaire ?

Leila Chaibi, Danielle Simonnet et moi-même, membres du Parti de Gauche ont accepté avec enthousiasme de s'atteler à l’exercice de rédaction de contributions. L’ensemble des articles a été rédigé en juillet, bien avant l’aggravation de la crise de régime marquée en cette rentrée par le gouvernement Valls2.

Pour ma part, j’y reprends le fil de la (courte) histoire du Front de Gauche depuis ses origines. Je rappelle que celle-ci s’est écrite en s’appuyant sur une stratégie partagée de construction d’une alternative politique en rupture avec le capitalisme, tout en soulignant que des regards différents apparaissaient déjà en filigrane quant à la nécessaire autonomie vis-à-vis du parti socialiste et de la politique gouvernementale. Militant écologiste et alternatif, je reviens sur l’importance d’articuler le combat pour la prise du pouvoir par les urnes avec la bataille citoyenne, qui passe notamment par les expérimentations anticipatrices. J’évoque la lutte victorieuse des Fralib, qui ont su faire d’une mobilisation de résistance une alternative concrète, sous forme d’une coopérative ouvrière, préfiguratrice d’une transformations sociale et écologique. Je défends ainsi que l’une des premières mesures d’un gouvernement de rupture devrait être de promouvoir la socialisation des moyens de production par une loi de réquisition des entreprises lâchées par leurs actionnaires, permettant leur reprise par leurs salarié-e-s, en y associant les pouvoirs publics, les usagers et les consommateurs.

De son côté, Danielle Simonnet y développe que l’enjeu n’est peut-être pas tant de construire l’alternative à gauche en attendant qu’en haut lieu les ruptures attendues ou espérées avec la politique libérale et productiviste du gouvernement PS se traduisent en actes. Nous devons surtout contribuer à fédérer le peuple. Pour ce faire, elle invite à reprendre le fil de l’exigence de la constituante pour la 6^ème République portée en 2012 dans la campagne présidentielle de Jean Luc Mélenchon. Elle développe l’enjeu de prendre en compte le fait urbain, l’enjeu des luttes dans la ville dans la prise de conscience de l’interdépendance de la satisfaction des besoins essentiels. C’est ce qu’exprime le concept d’urbanité républicaine. Redonnons du pouvoir d’agir contre les intérêts privés dans l’espace urbain, où se jouent les contradictions fortes du capitalisme. C’est un levier essentiel pour contribuer à l’irruption du peuple acteur. Soyons des militants éclaireurs et déclencheurs au service de la (re)conquête par le peuple de sa souveraineté à tous les niveaux.