Tout au long de ce week-end a lieu l'inauguration du nouveau Carreau du Temple, dans le 3e. Une suite d'événements artistiques, autour du thème du « corps », va s'y dérouler ; théâtre, cirque, concerts, expos... de belles choses en perspective.
Mais voilà, il faut débourser 30€ par personne pour participer à ces festivités tout au long de ces trois jours. Une famille moyenne en sera pour plus de 100€, si l'un de ses membres souhaite assister au concert de Salif Keïta (et c'est du bon, je vous assure, c'est toute ma jeunesse;-)
Il était question d'un «établissement public », donc d'un service public... et les journées d'ouverture, censément dédiées aux habitants sont payantes, et non de manière symbolique. Je n'y croirais pas si mes amis ne me l'avaient pas confirmé...
Si l'on doit reconnaître que la rénovation est réussie et que le bâtiment et ses aménagements sont magnifiques, le projet livré en termes d'usage et de modèle économique est plutôt proche de la catastrophe et bien loin des aspirations du projet initial. Le nouveau Carreau relève du cultural business, faisant de la culture et du sport des vecteurs de commerce avant tout. On pouvait attendre autre chose d'une mairie se prétendant de gauche et « socialiste ».
Rappelons-nous qu'il y a maintenant dix ans, l'avenir du Carreau avait fait l'objet d'un vaste débat démocratique. Plus de cent projets avaient été élaborés bénévolement par des architectes, des milliers d'habitants du 3e avaient échangé pour finalement donner leur avis lors d'une consultation, à laquelle avaient participé plus de 4000 personnes.
Nous l'écrivions, lors de la campagne des Municipales : « La démocratie, celle qui associe participation, innovation et créativité, ne peut aujourd’hui s’arrêter aux portes du Carreau. Nous faisons nôtre la phrase de Victor Hugo, invitant le peuple de Paris à « ôter les pierres des édifices publics et à y mettre des nids ». Nous sommes candidat-e-s du Front de gauche pour donner du sens à ce nouvel espace. Pour créer les conditions pour qu’il soit le Carreau du Peuple et que les citoyen-ne-s se l’approprient. Qu’il ne soit pas confisqué par tel ou tel comité, association… ou privatisé pour des activités commerciales. Qu’il serve à encourager la création et les activités de ceux qui n’ont pas pignon sur rue. Enfin qu’il soit public, gratuit et dispose de moyens de fonctionnement à la hauteur de nos besoins et de nos désirs. »
Se dessine aujourd’hui un Carreau pour les riches.
Se dessine aujourd'hui un Carreau dont la gestion échappe totalement aux habitants. Ceux-ci avaient donné leur avis sur le projet. Et le jeu s'est arrêté là. Les questions de gestion, de programmation et de gratuité seraient-elles trop compliquées pour être confiées aux citoyen-nes ?
La démocratie ne doit pas s'arrêter quand les projets se réalisent, elle doit se poursuivre tous les jours.
Reprenons l'initiative pour faire du Carreau un lieu culturel, sportif et d'éducation populaire accessible à toutes et à tous, géré par les habitants et pour les habitants.
Ce matin, à la radio, Jean-Luc Baillet, directeur du Carreau, tentait de calmer le jeu, en laissant entendre que les râleries allaient cesser, qu'il faut trois ans pour installer un nouvel équipement dans un quartier. Il n'a pas compris que le Carreau est un bien public, pas un centre commercial et qu'il appartient avant tout aux habitants. Il n'a pas fini de nous entendre.
Photo © Fernando Javier Urquijo
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Social, économie sociale et solidaire