Le comité Paris centre du Parti de Gauche a organisé samedi son premier séminaire militant. En attendant la vidéo et les premiers compte-rendus argumentés, en voici un premier retour pratique illustré. Après les 21 conditions , voici les 10 conseils préparatoires si vous voulez réaliser votre propre séminaire militant.
1- Disposer d'un collectif militant (un comité local du PG, par exemple) bien vivant, actif, dynamique, menant a minima deux initiatives par semaine: diffusion de tracts, réunion publique, café politique, collage... car le séminaire ne peut relancer une activité endormie, il ne peut que la compléter.
2- Avoir sous la main une-e ou deux militant-e-s exigeant depuis des mois un débat « de fond » au sein du comité, comme dans les assemblées citoyennes du Front de Gauche.
3- Que ces personnes s'engagent à proposer des thèmes de discussion « de fond » et à la préparer par la lecture et la diffusion de documents (textes, vidéos...). Nous avons eu droit dans nos échanges préparatoires, puis en live, à des références à Marx, Généreux, Sève, Gorz, Stirner, Bakounine, Jaurès, Lénine, Trotski... pour n'en citer que quelques-uns et dans le désordre
4- Une quinzaine de membres de votre groupe doivent se déclarer intéressé-e-s par l'idée de se retrouver isolés, par exemple dans une ferme à la campagne, pendant une journée entière. Comme ça, vois aurez la garantie d'en avoir au moins dix présents le jour J. Si vous êtes plus de dix, une répartition en plus petits groupes sera nécessaire pour certains travaux.
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5- Vous devez donc trouver un lieu tranquille, qui peut être rustique, mais doit être assez confortable pour assurer de bonnes conditions pour les échanges.
Notre co-secrétaire nous avait trouvé une ferme-auberge au fin fond de la Seine-et-Marne pour 36 euros par personne pour le petit-déj, les pauses café/jus de fruit, un super déjeuner et une salle pour 15 personnes super bien chauffée (il neigeait dehors), prises électriques et tableau paper-board...
Le comité a avancé l'argent et chacun a payé selon ses moyens, avec un barème de 18 à 36 €.
6- Se mettre d'accord sur un thème transversal et qui fasse consensus (le thème, pas les débats qu'il suscite!). Pour nous, ce fut « l'Humain d'abord: de quel Humain parlons-nous? » -
7- Une séquence de réflexion collective ne doit pas dépasser trois heures, pauses comprises. Au-delà, l'attention s'effrite et les esprits s'échauffent sans trop d'enjeu. Or il ne faut se permettre le décrochage d'aucun-e participant-e.
8- Se donner une « obligation de résultat », c'est à dire trouver les termes de ce qui fait l'unanimité dans le groupe et les rédiger dans un processus collectif. Ecrire aussi ce qui fait dissensus.
Cela permet de marquer l'intérêt d'avoir avancé collectivement et de constater dans le même temps qu'il est possible de ne pas être d'accord sur tout et de continuer à réfléchir et à agir ensemble...
... Notre point d'arrivée, à nous, a été le constat que l'être humain est avant tout un être social, qu'on n'est rien sans l'autre, que ceux qui déclarent « s'être faits tout seuls » sont, consciemment ou non, des usurpateurs. En parallèle un autre constat est mis en avant, celui du clivage interne à chacun, entre l'accomplissement de l'ego et l'intérêt général. Où il est question, d'un nécessaire travail éducatif pour que l'individualisme intrinsèque ne se transforme en un égoïsme hégémonique... Trois heures pour en arriver là, vous me direz... Eh bien c'est dans cette recherche que le groupe a trouvé sa cohésion... et un minimum de maîtrise et de compréhension pour les militant-e-s que nous sommes, confrontés à des concitoyens souvent déprimés et abrutis par la doxa néo-libérale du « chacun pour sa gueule » alliée aux pseudo-évidences de l'extrême-droite quant à la préférence de ce qui vous est le plus proche face à l'étranger.
9-Le déjeuner doit permettre
de poursuivre le débat de manière plus informelle, donc se dérouler plutôt
autour d'une table. C'est à ce moment que nous avons vu émerger ce qui sera sans doute l'un de nos prochains thèmes de séminaire: compétition-compétitivité-coopération?
Peut-on et doit-on totalement sortir de la compétition entre êtres humains?
Peut-il exister une « compétition solidaire »?
10- Une séquence finale, d'une durée variable, entre deux et trois heures, est réservée à la mise en œuvre de décisions et d'actions liées à l'élaboration de la matinée.
Pour notre part, tout l'après-midi a été consacré aux amendements de la plate-forme du congrès du PG. Le lien s'est fait notamment autour d'une série d'amendements, qui ont pour objet de donner du souffle et de l'enthousiasme à nos interventions dans la société sans oublier de montrer la complexité et les contradictions que nous devons gérer entre les groupes humains et à l'intérieur même de chaque individu.
Une ultime séquence eut été nécessaire pour affiner nos apparitions publiques, qui doivent à la fois être éclairantes, teintées d'humour, d'empathie et de la volonté d'en finir avec ce monde... Ce sera pour la prochaine fois.
Retour au bercail.
BONUS. En guise de salut à notre ami et camarade Eric Poisson, qui n'a pas pu participer à notre séminaire passqu'il bossait samedi, mais dont les propositions d'amendements en textes et en sons ont accompagné et enrichi nos échanges du soir et matin. Merci, Eric ;-)
Merci aussi à François, à Jean-Pierre et à Dominique, sans qui ce séminaire n'aurait pas vu le jour.
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