Ce matin, vers 9h, sur le chemin du boulot, je me précipite chez le marchand de journaux de la rue des Petites-Ecuries pour me procurer le new Libé. Une nouvelle formule que vient de nous concocter Nata Rampazzo, l'une des stars du design de presse, à l'instar de Claude Maggiori qui l'a précédé de nombreuses années aux manettes de la conception visuelle du quotidien de la rue Béranger (Paris 3e). Ce qui ne retire rien à son talent, c'est que Nata habite le 3e, à Filles-du-Calvaire, tout comme Claude, mais à l'autre bout, vers Arts-et-métiers...
Propre, du travail bien fait, élégant et habillé d'une nouvelle typo, ce nouveau Libé
me laissse malgré tout sur ma faim. Bon, l'équipe du journal a
résisté à l'idée de Rampazzo de passer le logo en bleu, ce qui eut été une espèce de sacrilège! Je
vous rassure: encore aujourd'hui, la principale couleur
d'accompagnement de la la maquette est un rouge brun très seyant et bien chaud.
Un
billet de Laurent Joffrin, en page 4, déroule les intentions de de
l'équipe et semble vouloir rassembler un lectorat "de gauche", sans
poser aucune question, ni amorcer un débat qui pourrait émerger de la
lecture des enquêtes et des reportages des journalistes de la rédaction.
Il y a même de quoi s'inquiéter quand on se rappelle le "Forum politique" organisé par le journal en septembre dernier à Grenoble. Un coup de comm' qui voyait se côtoyer diverses personnalités de gauche et des membres du gouvernement de Sarkozy. Alors que tout le monde est paumé et désorienté par les très habiles gesticulations médiatiques du Président, n'eut-il pas été plus utile de faire débattre des personnes partageant les mêmes valeurs, celles de justice sociale et de solidarité qui -pour combien de temps encore?- sont emblématiques de la Gauche.
A
l'heure où le Web devrait être la locomotive de tout système de presse,
on se contentera d'une page de contributions glanées sur liberation.fr.
Une page sympathiquement baptisée "contrejournal". Mais il y a encore
du chemin à parcourir pour trouver là une place spécifique aux
"net-acteurs".
On reste sur sa faim, Libé n'est pas sorti de la crise.
Le quotidien retrouvera un lectorat, même si les ventes ont augmenté en 2007, à condition de lui assigner une fonction qui n'est pas définie aujourd'hui. Et pourtant, avec beaucoup moins de moyens, Rue89 explore des pistes intéressantes, donnant aux intervenants les statuts d'expert, de journaliste ou d'internaute...Tout en démontrant dans la pratique que le rôle des journalistes professionnels est irremplaçable.
Wait and see.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.