De retour de Gémenos, à côté d'Aubagne (Bouches-du-Rhône), je profite du voyage de retour pour relater le « séminaire ouvrier de l'économie sociale et solidaire » que nous avons organisé samedi dernier en soutien à la lutte des Fralib.
Ce qui s'est passé à Gémenos juste une semaine après les Assises pour l'écosocialisme est probablement aussi le début d'une nouvelle aventure.
Plus de 180 personnes, militant-e-s politiques, essentiellement du Front de Gauche, syndicalistes de la CGT et de Solidaires et citoyen-ne-s impliuqué-e-s dans la vie associative ont répondu à notre invitation. Une quarantaine sur les soixante-douze salariés de Fralib engagés dans le projet de reprise en coopérative ont activement participé au séminaire.
Cet OVNI de la convergence entre mouvement social et organisation politique a été un grand moment d'éducation populaire, qui a permis à chacun-e de s'approprier l'économie sociale et solidaire et les alternatives concrètes avec une approche politique (replâtrage vs rupture avec le capitalisme).
Nous avons, lors d'un premier atelier, aussi bien évoqué les débats historiques du mouvement ouvrier que les alliances ouvriers-paysans, les monnaies complémentaires et la démocratie sociale. Nous avons également parlé « socialisation » des entreprises, aussi bien par la nationalisation, la municipalisation ou la gestion en coopérative. La situation à Florange a évidemment été plusieurs fois évoquée et commentée.
Lors du deuxième atelier, nous avons abordé la pratique de la coopérative, par des exemples concrets, afin de comprendre les contradictions à gérer, la plus évidente étant d'être à la fois salarié et associé. On est donc entré dans le vif du sujet.
Nous étions six intervenant-e-s extérieurs, dont quatre du Front de Gauche (Benoît Borrits, journaliste, président de l'Association pour l'autogestion et membre des Alternatifs; Jean-Paul Pla, élu PCF chargé de l 'économie sociale et solidaire à la mairie de Toulouse, Philippe Levaillant, expert du mouvement coopératif et moi-même, tous deux militants du PG.
Il y avait aussi parmi nous Evelyne Perrin, économiste-chercheure et Alexandre Fassi, spécialiste de la création d'entreprises de l'ESS.
Quatre des Fralib, Gérard Cazorla, Olvier Leberquier, Elodie Groutsche et Rim H. (deux femmes et deux hommes;-) ont participé, à la "tribune", à l'animation des débats. C'est dire s'ils ont aussi vraiment mouillé leur chemise.
Cette journée a été un moment très important pour les Fralib, parce qu'ils sont à un tournant très délicat de leur lutte: le bras-de-fer avec Unilever n'est pas terminé et il faut d'ores et déjà qu'ils et elles se préparent à la reprise en SCOP. Vous imaginez que ce n'est pas facile. Il leur faut même convaincre encore quelques-un-e-s d'entre eux de la pertinence de la solution coopérative.
Visiblement heureux du déroulement de cette journée, ils souhaitent poursuivre le boulot avec nous. Ils sont également partants pour participer à de futurs séminaires ouvriers sur d'autres sites.
Soulignons
le travail remarquable dans la préparation et l'organisation de nos
camarades du comité d'Aix. Il est évident qu'ils font preuve d'une
grande empathie (réciproque) à l'égard des Fralib. Je pense en
particulier à Hélène Le Cacheux.
L'intérêt de l'affaire est que cette expérience inédite est reproductible et améliorable.
Nous avons senti là un souffle d'écosocialisme et d'éducation populaire partagée, lorsque chaque participant ressort grandi parce qu'il a appris de l'autre.
Au-delà des mémoires qui aura gardé intact le souvenir de cette journée dans la tête des participants, nous avons le projet de publier et diffuser en textes et en images l'essentiel de qui aura été échangé. A suivre.
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