Si Jean-Luc Mélenchon avait voulu faire encore plus parler de lui dans la sphère médiatique, il ne s'y serait pas pris autrement...
Aurait-il joué cette explosion de
colère à l'égard d'un apprenti journaliste, après s'en être
convenu auparavant avec le jeune étudiant? Non, ce n'est pas
évidemment pas le cas.
En intellectuel averti et fin politique, il en profite pour relancer sur la scène publique le débat sur le rôle des médias, faisait du judo dans une situation dans laquelle il semblait en état de faiblesse.
Ni Jean-Luc tout seul, ni-même le Parti de Gauche ne peuvent se passer d'une élaboration collective, non seulement avec les organisations et syndicats de journalistes, mais aussi avec les associations de citoyens, comme Acrimed, par exemple. Je vous conseille vivement, d'ailleurs, la lecture que cette association a consacré à « l'affaire Mélenchon » sur son site. Henri Maler y livre une analyse détaillée, documents à l'appui.En complément, allez sur le blog de mon camarade et ami Alexis Corbière, qui a lui-même été témoin de la scène de l'altercation entre Jean-Luc et l'élève journaliste.
Cet incident m'interroge
personnellement dans la mesure où je fais moi-même profession de
« formateur de journaliste » et que le procédé qui
consiste à mettre en ligne une telle scène, sortie de tout
contexte, de toute explication est symptomatique du désarroi que
connaît aujourd'hui la profession.
Quel sens cet exercice de
journalisme a-t-il pour cet apprenti, si ce n'est de faire un maximum
de buzz (on dit « ramdam » aujourd'hui) et montrer qu'on
a réussi à faire péter les plombs à une personnalité politique
de premier plan? Ses profs sont-ils alors fiers de lui d'avoir généré
des dizaines de milliers de connexions?
Dans les écoles de journalisme, on
enseigne de ne pas lâcher son « angle » quand on
interviewe quelqu'un, bref de ramener la personne interrogée dans le
droit fil du propos. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé.
L'étudiant avait mal préparé son coup et maîtrisait peu
l'exercice qu'il réalisait.
Le Web a bouleversé toutes les règles
de jeu et les usages de la fabrication de l'information. Les
citoyens, devenus internautes, réagissent aux productions des
professionnels et c'est bien ainsi.
Les journalistes ont un devoir, celui
de fournir aux citoyens les conditions de production de
l'information.
Notamment pour qu'ils sachent si l'information est
produite par un professionnel ou non, pour quel média il travaille,
etc. Autant de précisions qui donnent une idée du contexte de
production et d'édition.
A l'évidence, Jean-Luc s'est emporté
contre cet apprenti-journaliste et c'est regrettable. C'est une connerie. Nombre de
journalistes et d'étudiants ont pu se sentir blessés par ses
propos. Mais lui aussi s'est senti abusé et emmené sur un terrain
miné.
Il n'en reste pas moins que le débat
est de nouveau lancé et qu'il tient à tous, professionnels ou non,
de le porter ensemble. Et c'est tout le talent de Jean-Luc d'avoir su rebondir.
Vous trouverez aussi en cliquant ici la réaction de Jean-Luc Mélenchon sur son blog.
François, pitié, c'est pas du talent, c'est juste un homme politique qui rame pour changer de sujet parce qu'il est trop fier pour s'excuser d'avoir insulté un pauvre clampin sans imaginer que ça pourrait être diffusé. C'est juste une altercation lamentable, c'est pas un débat sur les médias...
Rédigé par : Manuel | 06 avril 2010 à 09:06
oh oui génial le post d'Alexis Corbière : "Jean-Luc Mélenchon se défend bien tout seul face à ceux qui voulaient profiter de l'aubaine pour le salir. Il est homme de gros temps, et démontre une nouvelle fois qu'il ne craint pas la tempête. Souvent, je constate qu'elle le transcende. Au pire, elle le révèle. Utile, pour la suite des évènements."
et bla bla bla... C'est pas toujours merveilleux chez les Verts, mais là au PG cette petite séquence est bof bof je trouve...
Bon courage à toi en tout cas !
Rédigé par : Manuel | 06 avril 2010 à 09:10
Allons Manu, je n'ai pas écrit que Jean-Luc Mélenchon avait eu raison d'engueuler le p'tit gars. Au contraire, si c'est humain de s'emporter de la sorte, ce n'est pas défendable.
En revanche, je trouve qu'il s'en sort plutôt pas mal à disséquer le processus de fabrication de l'info. c'est tout. Et je te rassure, je n'ai pas changé, aui PG comme aux Verts, je n'ai toujours pas le culte du chef ;0)
Rédigé par : François Longérinas | 06 avril 2010 à 16:15
Bonjour,
Mélenchon a vraiment pété un plomb en agressant ce petit con de journaliste en herbe. Il l'a quand même joué gros bras macho. C'est moyen. Il aurait du s'excuser, puis lancer le débat critique sur les médias. Mais après seulement.
Je reconnais malgré tout que Mélenchon n'avait pas hésité à mettre en cause Chabot. Chapeau! Mais en d'autres termes. Ce n'est pas parce que le petit jeune était un petit con qu'il fallait l'insulter. Ca décrédibilise.
Rédigé par : Ivan | 06 avril 2010 à 16:43
Une analyse pertinente de cette affaire par Henri Maler (Acrimed):
http://www.acrimed.org/article3342.html
Rédigé par : François Longérinas | 08 avril 2010 à 09:46
Personnellement, l'attaque de Mélenchon et les mots employés m'ont révolté. Je n'ai aucune envie de le défendre, et je souhaite qu'il ne recommence pas ce genre de cirque. Il aurait pu au moins s'excuser au lieu d'en rajouter sur son blog, façon coq monté sur ergots de combat. Une analyse ici aussi : http://www.rue89.com/2010/04/05/apres-les-insultes-les-curieuses-justifications-de-jean-luc-melanchon-146216
Rédigé par : Bruno | 08 avril 2010 à 22:11
@Bruno
Il ne s'agit pas pour moi de "défendre" Mélenchon. Il aurait du s'excuser de s'être emporté.
Mais force est de constater que la mise en ligne de la vidéo a mis le feu aux poudres et quoiqu'en disent tous les journaleux, il s'agit d'une pratique détestable dont aucun journaliste professionnel ne devrait faire usage.
Rédigé par : Paulo | 09 avril 2010 à 09:32
Je viens d'apprendre que l'apprenti journaliste est un militant politique, à Europe écologie.
Rédigé par : Ivan | 12 avril 2010 à 21:54