La vie d’un militant est parfois difficile ! Alors que je pratique la motocyclette depuis 1985, après avoir usé quelques mobs sur les routes de ma banlieue d’origine, j’ai voté la motion «anti-moto» à l’AG des Verts parisiens (lire-ci-dessous). Une motion que je trouve tout de même bien moralisatrice.
Parce qu’il y en a marre des crétins qui accélèrent comme des malades en se faufilant entre les files de voitures boulevard Sébastopol... Parce que, circulant souvent à vélo, je crains ceux qui prennent les couloirs de bus pour des pistes de wheeling... Parce que je n’en peux plus de slalomer avec mes gamins entre les deux-roues mal garés en travers de trottoirs pourtant élargis.
Et pourtant, quand j’en ai l’occasion, j’aime encore me balader à moto sur les routes de campagne, et je rêve encore de traverser la France en respirant les odeurs des champs. Ceux qui n’ont jamais fait de moto ne connaissent pas ces sensations…
Et pourtant les machines récentes sont conformes aux normes européennes et ne polluent pas plus que les autos.
Et pourtant, j’ai vécu, dans les années 80, de véritables amitiés, durables, au sein de la Fédération française des motards en colère, dont je fus un temps membre du secrétariat national.
Bref, je suis une espèce de mec normal, quoi… Et ce que je ne vous ai pas encore dit, c'est que je fume (des Gauloises blondes), mais, ça, c'est une autre histoire.
Motion votée par l’Assemblée générale des Verts Paris (novembre 2006)
Moins de roues mais plus de nuisances
L'inflation immodérée des deux-roues motorisés à Paris est inquiétante et laisse présager que de nombreux automobilistes choisissent et continueront de choisir ce mode de déplacement. Loin d'être une alternative souhaitable à l'automobile en ville, les motos constituent, au contraire, un remède pire que le mal.
Les motos sont des 4x4 à deux roues.
Les motos et scooters polluent toujours plus que les voitures. Entre 3 et 122 fois plus, suivant les modèles (source ademe) !
En Ile de France, ils représentent 3% des véhicules mais 33% des rejets de COV (composés organiques volatiles) facteurs de pollution à l'ozone. Et leur régime moteur (succession de grosses accélérations et de freinages pour se faufiler entre les voitures) décuple leurs rejets polluants.
Il y a aussi le bruit, la mise en danger des autres usagers de la rue et, plus insidieux, l'envahissement de l'espace public. On arrive au paradoxe que les deux-roues motorisés sont souvent le principal bénéficiaire des agrandissements de trottoirs, retirant aux piétons les fruits de la reconquête de l'espace commun sur la voiture et condamnant nos efforts en matière d'accessibilité.
Non aux aspirateurs à motos
Or, contrairement aux voitures, les motos jouissent de facilités de stationnement et d'une vraie impunité. Elles circulent sur les pistes cyclables, dans les couloirs de bus ou sur les trottoirs sans quasiment jamais être sanctionnées. Elles ne font que rarement l'objet de contravention ou d'enlèvement pour leur stationnement anarchique…. Autant les Verts ont toujours été fermes sur les questions de respect des bus, des vélos et des piétons, autant, vis-à-vis des motos, il y a toujours eu une attitude assez complaisante. Ce qui conduit à une politique vis-à-vis des motos plutôt ambiguë : certes, les discours sont exigeants sur le respect des trottoirs, mais la politique menée est presque incitative, facilitant le stationnement des motos et des scooters (création de milliers de places de stationnement gratuit sur chaussée) ou leur circulation (cf. plaidoyer pour la « remontée de file » auprès du Ministère des transports).
Au contraire, il faut mener une politique volontariste vis-à-vis des deux-roues motorisées, à l'instar de ce qui est fait vis-à-vis du « tout bagnole ».
Pollueur-payeur
Tout comme nous dénonçons les parkings « aspirateurs à voitures », nous devons aussi arrêter la multiplication des zones deux-roues qui sont des « aspirateurs à moto ». Pouvoir se garer à volonté et gratuitement dans Paris, est un vrai encouragement !
Au lieu du pollueur-payeur, c'est le pollueur-gratis. Il faudrait au contraire réfléchir à une offre de stationnement payante et maîtrisée, sur le mode du pollueur/payeur qui fonctionne pour les voitures.
De même, il faut mettre en oeuvre toute action visant à brider les vitesses, à diminuer sensiblement le bruit des moteurs, les émissions de gaz toxiques et de gaz à effet de serre.
Enfin, le discours sur les motos qui squattent les trottoirs doit être suivi d'une vraie action de répression (si possible en prévenant auparavant). Certains trottoirs ressemblent à des cimetières métalliques !
C'est pourquoi les Verts Paris, réunis en Assemblée Générale, prônent :
- l'enlèvement systématique (avec avertissement) deux roues motorisés stationnés sur les trottoirs
- la surveillance accrue et la sanction de la circulation des deux roues motorisés sur les pistes cyclables, les couloirs bus et les trottoirs.
- l'interdiction de circuler pour les deux-roues les plus bruyants et les plus polluants
- à moyen terme, le stationnement payant et maîtrisé des deux-roues motorisés, sur les chaussées et en parking souterrain (pour éviter l'occupation d'espace par la quantité exponentielle de motos de plus en plus longues et larges)
Si sur le constat general, on peut qu'être d'accord, ne peut-on envisager d'autre méthode que la logique de paiement, de taxe ? Une fois de plus le paiement laissera aux plus fortunés la possibilité de rouler et stationner et polluer à 2 roues dans Paris.
La moto reste encore , pour les plus jeunes d'entre nous, un moyen d'évasion et un choix de vie. Alors répression des abus sans doute, éducation et concertation , notamment avec la FFMC surement, mais pas de vente d'indulgences pour les pollueurs bourgeois motards
Fraternellement
Rédigé par : NONO.MieuxVotard | 06 décembre 2006 à 09:32
Bonjour,
Je suis d'accord avec Nono pour faire un réel effort d'éducation et de prévention avant tout acte de répression. Et je ne suis pas un fan des taxes non plus.
Nous sommes malgré tout confrontés à un problème de santé publique, et il faut agir sans attendre.
Des tas de villes du Nord de l'Europe connaissent un parc de vélos beaucoup plus important que celui des motos et scooters. Ce qui montre qu'il s'agit principalement d'une question de mode de vie et de culture. Il faut donc à la fois faire évoluer les mentalités et répondre à l'urgence écologique, notamment en ville.
Donc plus de transports en commun, plus de vélos, de rollers et de trottinettes...
Et réservons les bagnoles et les bécanes à sortir de Paris...
J'ai moi-même grandi dans le culte de la bagnole (j'aime encore regarder les belles voitures, les F40, les Jaguar type E, les Tractions...) et j'essaye de gérer ça au mieux.
Tout le problème est lié à l'idée de la planète qu'on souhaite laisser à nos enfants.
Pour finir, j'ai bien voté la motion moto des Verts Paris, mais je la trouve un brin répressive et moralisatrice...
Rédigé par : François | 15 décembre 2006 à 14:58