De Vincent Christophe Le Roux, militant PG à Saint-Nazaire (44):
"Je vais le dire avec mes propres mots qui n’engagent que moi, cela va sans dire…
En matière d'écologie et d'énergie, notre secrétaire national François LONGERINAS a rappelé à bon escient que le PG défend un modèle de société radicalement différent du modèle capitaliste, consumériste, productiviste, le quel est destructeur des liens humains, des équilibres naturels, de l'esprit de citoyenneté... Mais ce choix d'une autre société ne signifie pas ni n'implique que nous soyons contraints de revenir aux bougies et aux calèches comme certains ont osé le dire... Cela ne veut pas dire non plus, ni n'emporte comme conséquence inéluctable, que ce sont toujours le mêmes, les pauvres, qui paieront la facture de la bifurcation écologique que nous voulons amorcer. Quand nous serons au pouvoir, ce ne sont pas les pauvres qui la paieront cette facture... Merci à lui aussi d'avoir rappelé, puisque cela fut nécessaire, que si nous avons la volonté très claire de sortir du nucléaire, ce n'est pas de manière désordonnée, irréfléchie, irresponsable. Personne au PG ne prétend fermer les centrales existantes en quelques années. Ce sont au mieux deux à trois décennies dont nous aurons besoin. Mais OUI, nous exprimons fermement et ce dès maintenant notre objectif en développant les moyens de l'atteindre... Il devient assez insupportable de voir ou plutôt d'entendre certains de nos camarades caricaturer nos propositions avec de tels arguments...
Ensuite, en plénière, je lui suis reconnaissant d'avoir rappelé que nous, au PG, nous sommes pour l'autonomie aux Municipales. Il s’agit d’autonomie vis-à-vis du PS évidemment, pas d’une autonomie absolue qui voudrait que le PG soit seul contre tous. D’autres font un choix différent. C'est leur liberté mais il n'est pas question pour nous de couler à pic en quelques minutes sur un rafiot socialiste qui prend l'eau de toutes parts et dont la barre est tenue par un capitaine de pédalo ou par ses différentes copies locales, sur un cap qui ne peut que nous mener collectivement au désastre...
Et là encore, sur ce sujet comme sur celui du nucléaire, deux terrains de divergences avec le PCF ou du moins avec son appareil ou certain-e-s de ses élu-e-s, deux points d'achoppement sérieux, je supporte de plus en plus mal le discours de quelques-uns de nos camarades...Pas tant du fait de leur propre choix que des arguments qu’ils nous opposent. Certes leur choix n’est pas le nôtre… La raison majeure à mes yeux est une question de CO-HÉ-RENCE-CE entre notre discours politique et notre positionnement stratégique… Mais au-delà de ce choix qui les regarde (encore que ce choix-là peut causer bien du tort à tout le Front de gauche et de ce fait peut légitimer notre propre parole en contre…) ce sont les explications qu’ils nous donnent qui me hérissent le poil et me font friser l’esprit !
Un important responsable nantais de leur parti a dit ce samedi que nous ne nous intéressons, au PG, qu’à savoir qui on inscrit sur la liste alors qu’eux ont pour objectif d’écrire un programme. Ces « éléments de langage », nous les retrouvons dans la bouche de nombreux autres responsables qui sont sur cette même ligne. Mais c’est tellement caricatural…
Sur le premier aspect… NON, nous ne nous focalisons pas sur les noms à inscrire sur une liste. Nous avons seulement – mais c’est déjà beaucoup – décidé de ne nous allier en aucun cas avec ceux qui mettent en œuvre les politiques que nous rejetons, ou ceux qui les défendent de fait, ou ceux qui incarnent d’une façon ou d’une autre ce passif-là. Dire cela, ce n’est pas rejeter d’emblée cette partie du peuple de gauche qui reste encore à ce jour liée d’une manière ou d’une autre aux gouvernants d’aujourd’hui. Ce n’est même pas rejeter définitivement celles et ceux qui ne sont pas des nôtres aujourd’hui mais qui pourraient le devenir demain. C’est être cohérents avec ce que nous disons depuis quatre ans ou beaucoup plus pour certains d’entre nous. C’est faire front. C’est opposer à une tendance irréversible du PS à faire la politique qui plaît tant à la droite et au MEDEF, un projet, une équipe, une fermeté sans aucune faille. Non pas pour être jugés comme les plus radicaux, comme les plus inflexibles, comme les plus valeureux dans l’opposition, mais tout simplement pour être jugés crédibles dans les propositions que nous faisons. Elles sont tellement radicalement différentes et opposées à la logique de celles mises en œuvre que la moindre faiblesse dans notre ligne ou dans nos choix stratégiques risque de nous faire tout perdre.
Et sur le second point, NON, ces camarades ne sont pas les seuls à vouloir écrire un programme ni à oeuvrer pour concevoir un projet radicalement alternatif à la politique mise en oeuvre. Tout le Front de gauche a le même dessein et y travaille tous les jours avec loyauté et détermination. Mais nous ne pouvons faire cela et ensuite oublier ce travail et nous retrouver avec d’autres qui ne pensent pas comme nous, c’est le moins qu’on puisse dire… Toujours cette question de cohérence…
Avoir plus d’élus ? OUI, c’est notre souhait à tous. Et on travaille pour cela. Mais il ne s’agit pas d’aller gagner des élus, fussent-ils plus nombreux, grâce à une alliance avec les Socialistes. Nous les gagnerons sur notre projet et sur lui seul, sur nos mots d’ordre et sur eux seuls, avec nos candidat-e-s et elles et eux seul-e-s. Si nous les avons, nous les aurons mérités ces nouveaux élu-e-s. Et si le peuple ne nous les donne pas, eh bien c’est que nous ne les aurons pas mérités… Mais quelle illusion de vouloir augmenter leur nombre en s’alliant avec les Socialistes ! Et quels pouvoirs réels auraient-ils ? « Qui t’a fait roi ? » reviendrait en boucle de manière lancinante dans la bouche des Socialistes à l’encontre de ces élu-e-s qui ne devraient leur élection que grâce à leurs maîtres…
Faire des concessions est parfois nécessaire mais de telles circonstances seraient des compromissions bien plus que des concessions. Et cela n’est pas acceptable. Quelques miettes de pouvoir qui ne permettraient en rien de changer la donne, nous n’en voulons pas. Nous serons élu-e-s sur ce que nous sommes, sur ce que nous défendons, sur ce que nous incarnons et portons et sur cela seul, avec le soutien du peuple et pas avec celui des appareils ou des sortants socialistes.
Je dirai enfin que cette position inflexible a un objectif supplémentaire à mes yeux : c’est elle qui permettra à certains Socialistes d’aujourd’hui de rompre les rangs et de nous rejoindre ou à tout le moins, dans un premier temps, de nous soutenir fut-ce en secret. Mais pour cela, il faut qu’ils soient convaincus que s’ils font ce pas vers nous, ils défendront des gens qui mettront en œuvre une autre politique, celle-là même qu’ils auront défendue en nous soutenant. S’ils ont le moindre doute quant à ce que nous ferons et quant aux gens avec qui nous le ferons, alors ils ne largueront pas les amarres. Notre force grandit, trop lentement certes mais de manière inexorable. Le vent de l’Histoire s’est levé et notre discours est porteur de progrès. La bride majeure est que le peuple ne croit pas encore que nous pourrions être en mesure de faire ce que nous disons vouloir faire. Il nous reste, et ce n’est pas une mince affaire, à montrer, à démontrer, que NOUS ON PEUT et que surtout, oui surtout, NOUS ON VEUT !
Mais nous serons jugés crédibles, j’y reviens, SI ET SEULEMENT SI, nous ne nous corrompons pas à la moindre accointance avec les sortants.
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Pour accéder au pouvoir, dans notre système électoral, ce n’est pas une majorité ABSOLUE des voix, c’est-à-dire plus de 50% des suffrages qu’il faut obtenir, mais une majorité RELATIVE, c’est-à-dire être en tête au premier tour, ce qui nous donne le droit d’être au second si on n’atteint pas 50,01% des voix requises pour une élection dès le premier tour… La marche est donc bien moindre que ce qu’on nous serine quand on nous rappelle que le chemin sera long pour passer de 11% (score de Jean-Luc MÉLENCHON à la dernière élection présidentielle de 2012) à ce seuil de 50,01%. Dois-je rappeler qu’aucun candidat à une élection présidentielle, aucun parti ou aucune alliance de partis à une élection législative, n’a jamais obtenu la majorité ABSOLUE des voix lors du premier tour ? Et au niveau local, ou même lors des élections législatives quand on considère ces dernières non pas au niveau global national mais au niveau local, individuel, bien peu nombreux sont les candidats qui sont élus au premier tour, c’est-à-dire qui ont obtenu une majorité ABSOLUE de suffrages. Le fait d’obtenir parfois cette majorité au second tour (comme c’est le cas pour la présidentielle ou pour les autres élections quand il n’y a que deux candidats en lice) ne résulte que d’une règle mathématique et de contraintes liées au mode de scrutin mais en aucune façon de choix délibérés du peuple souverain.
Donc ce n’est pas 50,01% que nous devons atteindre mais un score, inconnu à ce jour, qui nous mette en tête ou, au minimum, en seconde position, de telle façon que nous soyons, de droit, présents au second tour et que le peuple électeur puisse avoir le choix de nous élire.
Oh certes, le démocrate que je suis ne saurait se satisfaire d’une élection avec un score inférieur à une majorité absolue de suffrages et une majorité absolue voulue en pleine liberté j’entends. Obtenir une majorité absolue au premier tour serait évidemment autrement enthousiasmant pour nous tous et de nature à rendre bien plus facile la bifurcation politique car cela signifierait que le peuple l’attend et la soutient en masse. Mais le régime politique est tel – et chacun sait que nous avons le souhait de le changer radicalement – que dans les circonstances présentes, il suffit que nous atteignions le seuil de basculement qui définit qui est en tête de la Gauche entre le PS et ses alliés d’une part, et nous, d’autre part. Quel est ce seuil ? Il est difficile de le chiffrer précisément car tout résultat électoral, au-delà de lignes de force permanentes, est bien évidemment lié aux circonstances du moment, aux hommes et aux femmes qui sont candidat-e-s, aux discours qui sont prononcés, aux projets qui sont défendus, aux comptes-rendus que les médias en auront fait…
Cela dit, on peut, sans trop de mal, évaluer ce seuil à la louche. Lorsqu’on regarde les résultats de la dernière élection présidentielle, le score de Jean-Luc MÉLENCHON, au premier tour, fut de 11,11%. Celui de François HOLLANDE fut de 28,63%. Il y a donc 17,52% d’écart. Il suffit donc, en quelque sorte, que la moitié de ces 17,52% basculent chez nous pour que MÉLENCHON et HOLLANDE se retrouvent à égalité. La moitié de 17,52% c’est 8,76%. Certes, ce n’est pas une mince affaire que de gagner près de 9 points. Mais nous voyons qu’on est loin de la marche à franchir que certains nous indiquent. Il ne s’agit donc pas de passer de 11% à 50,01% mais de 11% à plus de 20%. Avec la marge d’erreur inévitable de telles projections, et parce que l’on peut, par certains aspects, penser que les 2,31% de suffrages obtenus par Eva JOLY étaient plus enclins à se reporter sur le candidat HOLLANDE et sur le PS que sur MÉLENCHON et le Front de Gauche (situation qui a sans aucun doute évolué quelque peu voire basculé totalement depuis…), disons que la certitude d’être en tête de la gauche implique un score non pas de 20% mais plutôt de 22% à 25%. Quand le Front de Gauche (je ne dis pas « si » mais bien « quand ») obtiendra ce score, le PS sera forcément dans les choux, derrière nous. Du moins dans une situation locale de partage normal des voix ou selon des projections déjà vues au plan national. Sont à part évidemment les cas où le PS et ses alliés obtiennent à eux seuls une très forte majorité des suffrages dès le premier tour. Encore que cela ne durera pas longtemps…
Donc vous aurez tous compris qu’avec un FRONT DE GAUCHE à 25%, le PS sera tombé lui à près de 15%. Certes, je pars du postulat que le taux d’abstention du premier tour de la Présidentielle de 2012, quasiment à son étiage minimal avec 20,53%, ne pourra pas se réduire de manière massive à notre avantage. Peut-être que je me trompe sur ce point mais il est difficile, je crois, de prévoir sérieusement qu’il diminue à bref délai. De la même manière, je n’imagine pas que des électeurs des droites et du Centre ou « des » centres se portent sur nous autrement que dans des proportions infimes. Certains le feront sans doute. Des gaullistes authentiques ou des humanistes sincères qui comprendront, si ce n’est pas déjà fait, que nous incarnons, mieux que beaucoup d’autres, ce en quoi ils croient. Donc, les gains électoraux que nous espérons ne pouvant venir massivement, ou du moins autrement que de manière quasi négligeable, ni des 20% d’abstentionnistes du premier tour de la Présidentielle de 2012, ni des électeurs des droites et des Centres, ils ne proviendront que d’électeurs socialistes, radicaux, citoyens, et écologistes qui auront rompu les rangs et choisi de nous soutenir. Le principe des vases communicants est donc une évidence, même si nous n’en savons ni la date de réalisation, ni la proportion.
Nous y travaillons depuis des moins, voire des années. Le PG a été fondé largement pour cela. Être une alternative au PS. Le Front de Gauche est un outil qui, par essence, par nature et par vocation, vise à décupler le pouvoir du PG et de chacun des partis composant ce Front populaire en devenir qu’est le FRONT DE GAUCHE. Le PS est un astre mort. Une supernova. Dire cela, ce n’est pas insulter les militants socialistes. Ce sont des adultes qui peuvent entendre des choses désagréables sans pleurer dans les jupes de leurs parents. Nous disons une vérité dont l’évidence saute aux yeux d’un nombre de citoyens grandissant. Il est un « astre » parce qu’il brille encore en raison notamment de la force numérique que représente la masse des ses élu-e-s. Mais il est mort en ce sens que le discours qu’il porte comme la politique qu’il met en œuvre ou les leaders qui l’incarnent sont passés chez nos adversaires et même nos ennemis avec armes et bagages intellectuels, philosophiques et politiques. Il est mort également mais ne le sait pas encore parce qu’il survit sur la gloire de son passé, sans voir que son présent est détestable et que son avenir est des plus sombres.
L’avenir des socialistes authentiques, c’est le Front de Gauche dans lequel ils retrouveront leur honneur, leur fierté de militer, leur espoir d’un monde meilleur, d’une société plus égalitaire et plus fraternelle en même temps que plus libre, d’une « Europe sociale »… Ils le savent d’ailleurs même s’ils rechignent encore à quitter leur maison. Ce jour viendra. Leurs maîtres, leurs chefs, leurs gouvernants, ceux-là même qu’ils ont soutenu, fait élire, défendu envers et contre tout, trahissent leur base électorale en même temps que le peuple de gauche tout entier. Les coups ne vont pas cesser de pleuvoir dans les prochaines semaines, les prochains mois. La situation économique, sociale, politique va se tendre un peu plus chaque jour.
Il faut espérer que ce pouvoir socialiste sera lâché par ses propres soutiens pour que le peuple français puisse enfin se libérer de la tutelle des marchés, des financiers, des oligarques…
Un patriote doit toujours être prêt à défendre son pays contre son gouvernement. Cette phrase est une réplique du film JFK d’Oliver STONE. Elle est une des toutes dernières du film. Elle est prononcée par l’acteur Kevin COSTNER jouant le personnage réel du procureur Jim GARRISON qui a entamé une action en justice et mené un procès contre un des acteurs du drame de Dallas, un des nombreux complices des assassins du Président KENNEDY. Cette réplique est surtout une citation d’Edward Paul ABBEY, écrivain et essayiste américain, écologiste radical, né en 1927 et décédé en1989.
Espérons que les soutiens actuels du pouvoir en place en France méditeront ce message et en tireront à temps les leçons…
On pourrait aussi modifier deux des termes de cette maxime pour la transformer en la réflexion suivante : un humaniste, un socialiste, doit toujours être prêt à défendre son peuple contre son gouvernement. C’est une autre manière de décrire ce droit fondamental de la résistance à l’oppression qui est aussi un devoir citoyen et que l’on trouve formulé dans un texte qui hélas ne s’applique pas en France faute d’être intégré dans le bloc de constitutionnalité, à savoir la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 dont l’article 35 stipule « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »."
Social, économie sociale et solidaire